Dans un texte fort publié le 5 août dans le quotidien Yediot Aharonot, à la veille d'une nouvelle mobilisation des Indignés israéliens, l'écrivain David Grossman faisait le récit de la manifestation à laquelle il avait participé le samedi précédent, à Jérusalem. Il y a vu «une rivière de gens déferler à travers les rues […], des milliers de personnes qui n'avaient pas fait entendre leurs voix depuis des années, qui avaient abandonné l'espoir de tout changement, qui s'étaient refermées sur leurs problèmes et leur désespoir».
«Ecrasé». Grossman remarque combien il était difficile pour ces citoyens peu habitués aux cortèges et à leurs slogans de s'insérer aux côtés des jeunes protestataires, combien aussi les gens comme lui n'en revenaient pas de ce qu'ils voyaient : «[Cette foule ressemblait-elle à] celles que nous avions vues en Tunisie, en Egypte, en Syrieou en Grèce ? […] Où étions-nous jusqu'alors ? Comment avons-nous pu laisser tout cela se produire ? Comment avons-nous pu être en paix avec un gouvernement que nous avions élu et qui transformait nos systèmes de santé et d'éducation en services de luxe ? Pourquoi n'avons-nous pas protesté lorsque le ministre des Finances a écrasé les travailleurs sociaux en grève et, avant eux, les handicapés, les survivants de l'Holocauste, les vieux et les retraités ? Comment se fait-il que toutes ces années, nous avons poussé les pauvres vers des vies d'humiliation continu