C'est comme si la ville s'était figée. Hier, à part une poignée de pick-up conduits par des combattants armés, pas un véhicule civil n'emprunte, à la sortie sud de la ville, l'axe qui mène au cœur de Zaouia. Rarement, une ambulance passe en trombe, sirène hurlante, en sens inverse. Mais les klaxons, les «Allah akbar» et les cris de joie de la veille se sont tus. Le silence pesant n'est troublé que par le grondement des mortiers et des roquettes Grad qui tombent encore sur la ville, et par les saccades d'armes automatiques.
Depuis une semaine, l’armée loyale à Muammar al-Kadhafi et les combattants insurgés se déchaînent pour le contrôle de Zaouia, ville clé sur la route de la capitale, Tripoli. Peuplée d’environ 200 000 habitants, Zaouia, située à une cinquantaine de kilomètres à l’ouest de Tripoli, coupe l’axe principal d’approvisionnement du régime par la Tunisie. La ville s’était déjà soulevée à deux reprises, en février-mars et en juin. En vain. Cette fois-ci, l’offensive rebelle est venue de l’extérieur. Dans les rangs des insurgés, nombre de combattants de Zaouia sont revenus se battre après avoir fui la répression des soulèvements précédents, aux côtés des rebelles du front de l’Ouest, ceux des montagnes rocailleuses du Nafoussa. Ils ont, en une semaine, grignoté les positions kadhafistes rue par rue, quartier après quartier, et débarrassé les toits des snipers.
Trop vite. Samedi, les rebelles l'affirmaient dans l'euphorie : ça y est, l'autorout