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TRIBUNE

La «politique de la canonnade» ou la vie démonétisée des Syriens

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Le monde arabe en ébullitiondossier
par Pierre VERMEREN, Historien du monde arabe contemporain, Paris-I
publié le 22 août 2011 à 0h00

Al’heure où Français et Européens s’adonnent à la quiétude estivale et que les musulmans du monde vivent leur mois de ramadan, le régime syrien tue de plus belle. Au nom d’une vision irénique, on disait que les révoltes arabes connaîtraient la trêve du ramadan. C’était sous-estimer le régime syrien qui trouve dans ce temps de repos et/ou de prière l’occasion de frapper plus fort et d’en finir avec «les bandes terroristes» qu’il dénonce depuis six mois.

Décrédibilisé au plan international par la violence dont il se rend coupable, le clan Assad persiste dans sa fuite en avant sanguinaire. La liste des milliers de morts et des dizaines de milliers de prisonniers (et donc de torturés) s’allonge de jour en jour. Pendant plus d’un mois, le régime attendait de pénétrer dans Hama la révoltée, dans laquelle 500 000 manifestants se retrouvent chaque vendredi pour demander la fin du régime. La veille du ramadan était une occasion à ne pas manquer pour envoyer ses chars.

Une des plus grandes tueries de la révolution syrienne a été perpétrée le premier week-end d’août (au moins 100 morts) et la curée se poursuit. A la mi-août, la ville de Lattaquié, pourtant au cœur du bastion alaouite cher au régime, a été encerclée, bombardée et investie avec des moyens lourds. Lorsque des navires de guerre bombardent une ville désarmée, cela s’appelle la «politique de la canonnade». Mais quel pays l’a appliquée à son propre peuple ? La seule explication, comme pour les «nettoyages ethniques» du printemp