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Libération

Karachi miné par la guerre des gangs

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Pakistan. La capitale économique connaît une explosion de violence, sur fond d’affrontements ethniques.
par Thomas Guien
publié le 23 août 2011 à 0h00

«Vous voulez plus de cadavres ?» Le message, retrouvé vendredi sur des corps criblés de balles, donne un aperçu de la flambée de violence qui ensanglante Karachi depuis une semaine. Un nouveau bilan des autorités, publié hier, fait état d'au moins 92 morts dans des affrontements entre gangs en l'espace d'une semaine, les plus meurtriers au Pakistan depuis une quinzaine d'années.

Selon un responsable des services de sécurité, les autorités sont confrontées à des assassinats d’une rare cruauté. La plupart des corps des personnes enlevées et tuées sont en effet mis dans des sacs, avant d’être disséminés dans plusieurs quartiers de la ville. Des cadavres à chaque fois atrocement mutilés, une constante depuis le début des tueries.

Si ces gangs accordent autant d’importance à ce décorum macabre, c’est qu’il constitue leur signature. Un paraphe permettant de distinguer les partisans du Muttahida Qaumi Movement (MQM), appartenant à la majorité ourdoue originaire d’Inde, de ceux du Parti national Awami (ANP), lequel représente les migrants d’ethnie pachtoune en provenance d’Afghanistan. Deux ethnies différentes qui, au fil des années, sont venues grossir les rangs des bandes qui se disputent les marchés de la drogue et des jeux illégaux dans la ville.

Les zones les plus touchées à Karachi sont ainsi les quartiers pauvres, dont la population a récemment gonflé. En cause : l’arrivée de migrants intérieurs, venus en particulier des régions du Nord-Ouest, bastion des talibans et d’