Projetées par les lumières artificielles de la place Verte, des milliers de silhouettes se découpent sur un écran de fumée. Embrassades fraternelles, larmes de joie, klaxons bloqués des pick-up, cris de bonheur et tirs d'armes automatiques vers le ciel. Par-dessus le brouhaha, des«Free Libya !» euphoriques fusent de toutes parts. Le spectacle est étourdissant. Il est une heure du matin, dans la nuit de dimanche à lundi, sur «l'ancienne place Verte», comme aiment à le préciser les insurgés, pour tenter d'anéantir cet emblème fort du régime de Kadhafi. Les milliers d'hommes - seules quelques rares femmes sont présentes -, armés le plus souvent, déboulent sur la place pour célébrer une victoire qui n'a été obtenue que deux heures plus tôt. La veille, l'avancée des combattants rebelles depuis Zaouia a été extrêmement rapide : il leur a fallu moins de vingt-quatre heures pour parcourir 48 kilomètres, prendre le contrôle de la caserne Khamis, du nom d'un des jeunes fils de Kadhafi, et marcher sur la capitale.
A leur arrivée, par vagues successives, dans la périphérie de Tripoli, les combattants s’étonnent de n’avoir pas été accrochés par l’armée loyaliste ni rencontré de résistance. A part de gros incendies au loin, pas de bâtiments détruits le long de la route non plus. Comme si les derniers combattants kadhafistes avaient pris leur parti de cette défaite annoncée.
Cortège. A Tripoli comme dans les autres villes tombées aux mains de la rébellion,