Il y a seulement six mois, la rébellion libyenne n'existait pas. Hier, elle a pris le complexe de Bab al-Azizia, le quartier général de Muammar al-Kadhafi à Tripoli, dans la capitale. Le triomphe n'est certes pas total, le «Guide» libyen restant toujours, hier en début de soirée, introuvable. Mais un succès de la rébellion apparaît désormais probable. «Le régime de Kadhafi est fini. Il peut rester quelques poches de résistance dans le pays; mais on peut considérer que les insurgés ont gagné», assure Camille Grand, directeur de la Fondation pour la recherche stratégique.
Rares sont ceux qui auraient prédit une victoire aussi rapide. Fin juillet, les rebelles semblaient bloqués : le front de l'est, à Misrata, s'était figé. Au nord-ouest, les insurgés n'avançaient plus, comme s'ils ne parvenaient pas à quitter leurs montagnes du djebel Nefoussa pour conquérir la ville de Gharyane. Et subitement, en quelques jours, ils ont avancé jusqu'à Zaouia, à l'ouest de Tripoli, ouvrant la voie vers la capitale. Leur stratégie est toujours la même : avancer, avec le soutien de l'Otan, aussi vite et aussi loin que possible, quitte à devoir battre en retraite ou à laisser des poches de résistance kadhafiste derrière eux. «Leur logique est de lancer des raids. C'est seulement une fois qu'ils ont pris le contrôle d'une zone qu'ils s'inquiètent de savoir s'ils peuvent la tenir. C'est typique des conflits du désert», explique Camille Grand. Cette stratégie explique pourq