La terrible chaleur de midi pèse sur la ville totalement déserte en son cœur, juste hachée par les grincements de pneus des 4x4 aux check-points et les claquements des armes automatiques. Au sud, de hautes fumées montent sous les grondements sourds des impacts de mortiers, là où les poches loyalistes livrent un combat perdu : «On a tout notre temps pour le retrouver [Kadhafi, ndlr]. Il est en train de s'échapper comme un rat dans les égouts…» dit un résident de Tripoli venu filmer «l'histoire en marche». Soudain, un embouteillage colossal se forme dans le quartier de Qadissyia, où se dresse le quartier général de Bab al-Azizia, tombé avant-hier aux mains des forces rebelles avant le coucher de soleil. «On veut voir la maison du tyran», dit un combattant de la dernière heure.
Tapis de douilles. Les voitures avec des grappes de combattants klaxonnent à tout va pour entrer dans l'allée asphaltée qui mène au cœur de la caserne Bab al-Azizia. Sauf une. Dans une Fiat Punto, une dame pleure sous son foulard bleu. Son petit garçon, assis derrière, est en larmes. Elle a perdu «un proche», la veille, dans la bataille de Bab al-Azizia. Les deux portes blindées de trois mètres de haut ont été ouvertes à coup de .14 mm. Les blindages n'y ont pas résisté. Certains rebelles réarment pour le plaisir et les impacts fument dans la tôle. Une maisonnette occupée par les plantons a été pillée. Il reste juste deux paires de sandales dan