Menu
Libération
Reportage

Dans le Xinjiang, les Ouïgours contre les bulldozers de Pékin

Article réservé aux abonnés
Dans la province chinoise, la minorité musulmane tente de résister à la politique d’assimilation du régime.
publié le 25 août 2011 à 0h00

Le soleil focalise ses derniers rayons de la journée sur la statue en ciment de Mao Zedong qui trône en plein Kashgar. La solide effigie symbolise l'emprise chinoise sur ces terres d'islam en lisière du désert du Taklamakan, à plus de 3 000 kilomètres à l'ouest de Pékin. Non loin, dans le lacis de la ville ouïgoure en passe d'être entièrement détruite par les bulldozers, de paisibles foules musulmanes s'accroupissent sur le sol, en rangs ordonnés, à l'entrée de petites mosquées aux frontons ornés. Les femmes en longue jupe chamarrée portent un foulard, et parfois un voile qui dissimule leur visage. Tous ont une assiette de viande de mouton et une tranche de pastèque sur les genoux. C'est bientôt la fin du jeûne du ramadan : les fidèles attendent sereinement le signal lancé dans leur langue proche du turc par le arong («imam») pour entamer leur repas du crépuscule.

Le Xinjiang n'a pourtant rien de placide. Le mois dernier, les colons hans (Chinois de souche) ont été la cible de trois attentats qui ont fait 40 morts. Un groupe de jeunes Ouïgours a attaqué au couteau des commerçants chinois ; un autre a poignardé des passants après avoir jeté un camion sur la foule. A Khotan, c'est un commissariat chinois qui a été attaqué, là encore au couteau. La police a arrêté quelques suspects, et tué les autres. De semblables attentats se multiplient au Xinjiang depuis les émeutes ethniques d'Urumqi à l'été 2009, qui se sont soldées par près de 200 morts, surtout des Hans. La vagu