C’est une date doublement importante pour la petite Abkhazie. Il y a trois ans, jour pour jour, Moscou reconnaissait son indépendance au grand dam de la Géorgie, qui venait de perdre la guerre contre la Russie dans son autre province séparatiste, l’Ossétie du Sud. Aujourd’hui, les Abkhazes vont aux urnes pour élire un nouveau Président, en remplacement de l’ancien, Sergueï Bakpach, décédé subitement au mois de mai. Dans la capitale, Soukhoumi, qui s’étire langoureusement le long de la mer Noire, difficile de déceler les signes d’une intense activité électorale. Les trois candidats en lice, le vice-président, Alexander Ankvab, le Premier ministre, Sergueï Chamba, et l’ex-vice président et leader actuel de l’opposition, Raoul Khadjimba, préfèrent le contact immédiat avec leurs électeurs. Dans cette ville de 40 000 habitants, tout le monde se connaît. Les programmes électoraux diffèrent peu, et c’est plutôt à la tête et au bon mot que sera choisi le futur président.
«Personnellement, je vais voter pour Ankvab. Il est très mobile, intéressant, cultivé et exigeant», confie Beslan, un vieillard aux yeux bleus, qui joue au backgammon sous les palmiers de la Brekhalovka, lieu de rencontre des hommes de Soukhoumi. C'est ici que se font et se défont les sympathies politiques. Tout le monde ira voter. «La manière dont nous nous comporterons à ces élections définira notre avenir, est convaincu Edouard, 72 ans, ancien danseur du théâtre national, tout le monde nous r