Le soleil commence à pâlir, Simon Roos se prépare à partir à la chasse aux braconniers : veste et pantalon de camouflage, talkie-walkie à droite de la ceinture, couteau cranté à gauche et kalachnikov entre les mains. On part faire la guerre alors ? «Affirmatif», répond l'ancien militaire sans ciller, en grimpant sur son immense jeep. Sur le tableau de bord, il a scotché des vignettes à la gloire du IIIe Reich et des citations pleines de sagesse : «Un homme mort ne racontera pas d'histoires» ; «Les politiques préfèrent gouverner des imbéciles que des hommes armés.» Assis sur le capot, un «soldat» noir, immobile, surveille l'horizon. On parcourt ainsi la réserve d'un riche investisseur dans la province du Nord-Ouest, à trois cents kilomètres au nord de Johannesburg.
Simon Roos a fait la guerre, la vraie, sur les fronts de la Namibie et de l'Angola, comme la majorité des Sud-Africains blancs de sa génération. Des temps anciens, il a ramené le drapeau de l'apartheid, qui trône solennellement dans son bar. Après une carrière comme organisateur de safaris de chasse, il a fondé, en 2006, sa propre compagnie, Nkwe Security Company, spécialisée dans la lutte contre le braconnage des rhinocéros. Cinq ans plus tard, ses rangers patrouillent dans treize parcs privés, soit une superficie de plusieurs centaines de kilomètres carrés. Lorsque Simon Roos passe devant ses «gars», ils se raidissent d'un bond et saluent leur «commandant».«Ils ont enduré