Deux hommes sont assis sur des marches carrelées en bleu clair. Vêtus d'un sarong et d'une chemise ample, ils assurent la sécurité pour la branche de Qaran Express, une des grandes sociétés de transfert de fonds en Somalie, située au cœur du marché de Bakara, à Mogadiscio. Les bureaux sont fermés, mais ces gardes, bien que non armés, affirment veiller sur le matériel pour éviter les pillages. «La situation est calme maintenant», se réjouit Abdulkadir Warsame, le plus âgé. A l'écouter, tout paraîtrait normal si le paysage alentour ne ressemblait à s'y méprendre à une image de fin du monde. Les murs de tous les bâtiments sont criblés d'impact de balles, les toits en tôle ont été perforés par les obus, des douilles de différents calibres jonchent le sol, tous les commerces affichent porte close et les rues sont totalement désertes. La satisfaction d'Abdulkadir porte principalement sur le fait que désormais, il n'a plus à fuir les attaques des deux belligérants : «Il y avait un tank de l'Amisom [troupes de l'union africaine, ndlr], là-bas, à cette intersection. En face, les shebab embusqués tiraient. Et nous étions entre deux feux.»
Durant des mois, le marché de Bakara, bastion des insurgés islamistes, a été le théâtre de combats d’une violence extrême. Les troupes de l’Amisom, alliées au gouvernement de transition, ont avancé mètre par mètre pour prendre en tenaille ce quartier qui a longtemps été le poumon économique de la capitale somalienne et qui était deve