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Libération
Interview

«Le CNT devrait accepter de s’effacer devant une structure plus légitime»

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Luis Martinez, chercheur, spécialiste du Maghreb et du Moyen-Orient, expose les difficultés et enjeux de la construction d’un nouvel Etat en Libye :
publié le 30 août 2011 à 0h00

Luis Martinez est directeur de recherche au Centre d’études et de recherches internationales (Ceri, Sciences-Po). Selon lui, il n’y aura ni chasse aux sorcières ni «dékadhafisation» de la Libye.

Considérez-vous la guerre civile comme terminée ?

Faire tomber le bunker de Bab al-Azizia a permis de faire chuter le régime libyen, attraper Kadhafi permettra de tourner une page de ce pays. En même temps, c’est une bonne chose qu’on ne trouve pas Kadhafi et qu’il continue à essayer de nuire, car cela va forcer les autres à rester soudés. De nombreux dangers rôdent dans ce pays et le fantôme de Kadhafi dans le paysage va contraindre tout le monde à plus de responsabilités : l’UE, les Etats-Unis, la Tunisie et l’Egypte, et bien sûr les forces en présence en Libye.

Comment voyez-vous les islamistes se positionner ?

Les islamistes, pour moi, c’est juste une force sociale importante qui permettait de canaliser la colère de la population. Il ne serait pas sérieux de dire que, parce qu’on ne les a pas trop vus, ils n’ont pas de poids. Il ne faut pas oublier qu’en 2009, Saïf al-Islam, un des fils de Kadhafi, avait entrepris une réconciliation avec eux en en libérant certains. Les islamistes, en tout cas, viennent d’apprendre une leçon : dans les années 90, ils ont essayé de prendre le pouvoir seuls, en vain. Là, associés à une coalition qui inclut les Occidentaux, ils sont parvenus à faire tomber Tripoli. Ils voient que, face à des régimes autoritaires, ils sont limités ; mais en acceptant de faire des compromis, d’autres forces les rejoignent et les renforcent.

Quelle est la priorité des mois à venir ?

La sécurité, bien sûr. Il va