La route vers Syrte, dernier bastion kadhafiste, se perd dans la brume de chaleur. C'est l'heure où les ombres des hommes s'allongent et les dépassent. Ils sont une quinzaine de combattants. A 80 kilomètres, Syrte. La guerre fait parfois des pauses dans des endroits inédits, comme sous ce pont autoroutier. Les rebelles disent avoir pris hier deux soldats à 8 km du pont Isada, au milieu de nulle part. Ils ont blessé l'un légèrement à la jambe, l'autre s'est rendu. «Ils s'étaient perdus dans le désert», avance l'un deux. Les soldats libyens roulaient dans tous les sens comme des lapins, explique l'un des combattants qui leur a tiré dessus. Les types ont levé les mains. Les rebelles ont fait sauter le pick-up des soldats qui était chargé ras la gueule de munitions. Ils ont pris une vidéo avec leur téléphone. Une fois que c'était fait, ils ont appelé une ambulance de Misrata pour le blessé. Et c'est tout pour hier. Quinze hommes brûlés par le soleil, dont certains ont les yeux cachés derrière des lunettes bombées, sont assis sur des caisses de munitions sous un pont de la voie rapide qui relie Taourgha à Syrte. «On attend, c'est tout. Ici c'est le front», dit un type qui fait pivoter la tourelle de sa mitrailleuse.
Porte de l'histoire. Le pont Isada est ce point cardinal asphalté avec une antenne de 30 m, un générateur qui ronronne, deux tentes, cinq matelas et un chameau mort qui empeste. Les types font la queue à la porte de l'histoire en atte