Il est des silences ou des non-dits qui relèvent, au choix, d'un déni de réalité, d'un aveuglement politico-idéologique ou de la complicité pure. Véritable secret de polichinelle, le soutien sans faille de l'Algérie au colonel Kadhafi tient des trois à la fois. Point n'était besoin d'attendre qu'Alger se résigne à annoncer le 29 août l'arrivée dans le pays de«Safia son épouse, sa fille Aïcha et ses fils Hannibal et Mohamed» pour découvrir que ni les alliés russes du dictateur libyen ni ses soutiens chinois n'avaient osé aller aussi loin. Comme Aïcha était installée depuis plusieurs jours dans une résidence d'Etat algérienne, on peut se demander si «l'aveu» des autorités d'Alger ne vise pas surtout à dissimuler un transit plus compromettant : celui du colonel Kadhafi et/ou de son fils Saïf al-Islam introuvables jusqu'ici et passibles de la Cour pénale internationale.
Antipodes. Depuis le début de la crise libyenne, et plus généralement des révoltes arabes, l'Algérie affiche une seule position : celle de la «non-ingérence» et de la plus stricte «neutralité». La réalité est aux antipodes de cette langue de bois mise à mal par une cascade d'informations. Mi-mai, Sadek Bouguetaya, député et membre du comité central du FLN, l'ancien parti unique algérien, est dépêché à Tripoli pour «représenter l'Algérie» à une «réunion de soutien des chefs de tribu à Kadhafi». Il s'y livre à un vibrant éloge du guide libyen et