La morale politique n'a rien à faire avec les affaires. C'est, en substance, ce que répète le gouvernement français depuis le 19 mars, jour du lancement de l'opération militaire contre les troupes du colonel Kadhafi. Paris n'a qu'un seul objectif : «Venir en aide à un peuple en danger de mort […] au nom de la conscience universelle qui ne peut tolérer de tels crimes, déclare Nicolas Sarkozy lors d'un discours à l'Elysée, le 19 mars. Nous le faisons pour protéger la population civile de la folie meurtrière d'un régime qui, en assassinant son propre peuple, a perdu toute légitimité.» N'empêche, les entreprises pétrolières françaises pourraient largement profiter de cette campagne militaire. C'est en tout cas ce qui est écrit noir sur blanc dans un document que Libération s'est procuré. Texte signé par le Conseil national de transition (CNT), autorité de transition créée par les rebelles libyens.
Certes, il était de notoriété publique que les pays les plus engagés auprès des insurgés seraient les mieux considérés par le CNT le jour venu, notamment en nombre de contrats pétroliers sonnants et trébuchants. Mais ce document montre clairement que des engagements chiffrés ont été donnés il y a déjà plusieurs mois.
«Soutien total». Nous sommes le 3 avril. Dix-sept jours se sont écoulés depuis l'adoption de la résolution 1973 au Conseil de sécurité de l'ONU, où la France a joué un rôle déterminant pour venir en aide aux insurgés. Ce 3