Le milliardaire Mikhaïl Prokhorov scrute, l'œil terne, les avenues moscovites du haut des panneaux publicitaires : «La force est dans la vérité. Celui qui a raison est le plus fort», clame son portrait de campagne. Pendant que Vladimir Poutine et Dmitri Medvedev tardent à annoncer lequel des deux sera candidat à la présidentielle de 2012, le paysage politique russe se réorganise. Un obscur parti créé par le Kremlin et qui n'a jamais eu aucun siège au Parlement, Juste Cause, s'est choisi à la fois un leader et une égérie en la personne de Prokhorov. Le célèbre oligarque vient-il tenir la chandelle ou déranger l'idylle stagnante du tandem ?
Bouc émissaire. Le troisième homme le plus riche du pays, selon le magazine Forbes, a pris fin juin la tête de Juste Cause, qu'il prévoit de transformer en concurrent de Russie unie, le parti dirigé par Poutine, pour en briser le monopole. Il veut attirer le petit patronat, les chefs de famille et les jeunes. Evidemment, sans provoquer le Kremlin. Depuis l'arrestation de Mikhaïl Khodorkovski, l'oligarque du pétrole qui avait décidé de financer l'opposition, les magnats russes ne se mêlent plus de politique. «Je vous propose d'exclure le mot "opposition" de notre vocabulaire», a dit Prokhorov à sa faction. D'autant que la dissidence n'est pas invitée à participer à l'aventure électorale des prochains mois.
Prokhorov a été élu à l’unanimité lors d’un congrès retransmis intégralement sur les chaînes pu