L’auteur de cette carte un peu bizarre avait bien évidemment une idée derrière la tête en la réalisant. Il voulait démontrer que la vision d’un monde «dominé» par le Nord est tellement établie que figurer le globe en proposant le «dessous» dessus ne peut passer que pour une provocation, ou une revendication politico-identitaire.
A priori, les fonds de cartes sont censés être neutres. En déformant l'image du globe, le cartographe glisse discrètement une certaine idée du monde. A travers trois partis pris inhabituels, cette carte down under de l'Océanie illustre, par son anticonformisme, la manière dont le fond de carte peut être porteur de messages.
D’abord, il s’agit d’une projection qui privilégie la proportionnalité des surfaces plutôt que le classique respect des formes. Il en résulte un hémisphère Nord à la tête plate et une Afrique amaigrie. Cette représentation déforme mais respecte les superficies observables à la surface de la Terre. Ainsi, l’étendue du Pacifique (un tiers de la surface de la planète) est conforme à ce que l’on observe sur le globe terrestre. Les Océaniens, malgré leur faible poids démographique (30 millions d’habitants), revendiquent leur place à la surface de la Terre.
Le centrage de la projection sur le Pacifique est une deuxième singularité. Dans les atlas occidentaux, le «grand océan» est en général coupé en deux et occupe les bords de la carte où se dilue son extraordinaire étendue. Présenter l’Océanie dans sa continuité continentale - si