Menu
Libération
Reportage

A Tripoli, l’euphorie et les premiers doutes

Article réservé aux abonnés
La capitale libyenne fête encore le départ de Muammar al-Kadhafi et la vie reprend son cours. Mais des habitants s’inquiètent aussi de l’incertitude qui plane sur l’avenir du pays.
Des combattants rebelles à Tripoli. (Mahmud Turkia / AFP)
publié le 7 septembre 2011 à 0h00

Les habitants de Tripoli ont un nouveau rendez-vous quotidien : 18 heures, place des Martyrs. Depuis le 27 août, familles, amis ou simples badauds se retrouvent là, en plein centre de la capitale, pour discuter, chanter et s'amuser. Les adolescents les plus hardis escaladent les échafaudages, où le régime avait installé un poster géant de Muammar al-Kadhafi. Ils ont une vue plongeante sur l'estrade où se succèdent, sans discontinuer, hommes et femmes. Il n'y a pas de discours, juste des slogans ou des refrains. «Relevez la tête, gardez-la haute, vous êtes la Libye libre !» chante une jeune fille devant plusieurs milliers de personnes. La foule reprend en chœur et agite des drapeaux aux couleurs de la révolution. Un peu en retrait, comme incrédule, une femme qui porte un voile noir fixe l'estrade. «Je viens régulièrement ici, juste pour sentir cette joie. Après quarante-deux ans d'oppression, c'est un sentiment indescriptible.»

Tirs de joie. Plus de dix jours après la prise de Tripoli par les rebelles, l'euphorie ne semble pas retomber dans la capitale libyenne. Des jeunes continuent de peindre des graffitis sur les murs. Les drapeaux ou des dessins plus élaborés, tel celui montrant un rat à tête de Kadhafi, la queue écrasée par une Rangers. A chaque occasion, comme la victoire de l'équipe de foot nationale, samedi, les rues résonnent de chants et de klaxons. Les jeunes s'interpellent aux cris de «Et toi, l'ébouriffé !» Malgré l'inte