Le retournement est complet. Il y a dix ans cette semaine, à l’heure où s’écroulait la seconde des tours jumelles, le Rotary club d’un des pays arabes les plus pro-occidentaux finissait son déjeuner annuel. Il n’y avait là que de grands bourgeois fortunés, tous à tu et à toi avec l’ambassade américaine, mais, à la seconde où ils ont réalisé que des Arabes venaient de frapper en plein cœur l’hyperpuissance devant laquelle ils s’étaient toujours inclinés, une joie les a submergés.
Verres levés, riant, se congratulant, ils ont trinqué à une fierté retrouvée qu’ils ressentaient tout autant que les étudiants du Caire et les camps palestiniens, qu’une très large partie du monde arabe, en fait, qui s’est senti vengé, ce jour-là, de trop longs siècles de recul et de prééminence occidentale. Ce jour-là, les prophètes de la «guerre des civilisations» semblaient avoir eu raison mais tout le dément aujourd’hui.
C'est la liberté et non pas la haine de l'Occident qui soulève les manifestants du «printemps arabe». Le héros de la nouvelle Libye n'a pas pour nom Oussama ben Laden mais Nicolas Sarkozy et il y a plus marquant encore. Devenu responsable de la sécurité de Tripoli, un ancien membre du «Groupe islamique combattant», Abdelhakim Belhadj, l'un de ces hommes qui avaient combattu l'URSS en Afghanistan avant d'être torturé par la CIA après le 11 Septembre, révèle au Figaroqu'il vient d'avoir de «très cordiales» discussions avec des responsables de l'Otan, se présente au