Dix ans après, les attaques du 11 septembre 2001 sur New York et le Pentagone constituent un événement doté d’un pouvoir de sidération encore intact. Mais la «base» terroriste (Al-Qaeda donc) qui les a perpétrées a par contre échoué quant à la généralisation de sa lutte et à ses finalités politiques. Au lieu de déloger les armées occidentales du Moyen-Orient, elle les a engluées une décennie durant dans les bourbiers irakien et afghan. Et, bien que cette organisation armée clandestine se soit déployée selon la logique transnationale des filiales et autres franchises, en dix ans, elle n’a pu rallier à sa cause les masses du monde arabo-musulman mais a au contraire nourri une guerre fratricide en Irak entre sunnites et chiites.
Selon l’esprit même du terrorisme, Al-Qaeda n’a pas pu ou su capitaliser politiquement. Si le terrorisme est souvent un passage obligé pour un mouvement de libération ou une lutte armée, Al-Qaeda et ses filiales se sont enferrées dans la séquence «terroriste» de la violence politique et n’ont jamais su en sortir. L’organisation de Ben Laden, en ce sens, a concouru à saborder ses propres base arrières et futures, à précipiter son propre suicide politique.
Selon les critères spécifiques d’une lutte armée clandestine de type guérilla, Al-Qaeda reste une organisation mutante et virale et, malgré la crainte que cette base délocalisée suscite encore, les moyens colossaux qu’elle a déclenchés pour tenter de l’enrayer, elle demeure en rupture historique avec ce q