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Traumatisme

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Les attentats du 11 Septembre 2001 aux Etats-Unisdossier
De sa une, «Libération» avait fait une image double des tours détruites frappée seulement de la date «11 Septembre». Pas de titre, pas de manchette. Mais l'idée que désormais ces chiffres avaient leur propre signifiant.
publié le 8 septembre 2011 à 14h47
[Editorial publié dans le hors-série de Libération «11 septembre 2001- 11 septembre 2011»]

De sa une, Libération avait fait une image double des tours détruites frappée seulement de la date «11 Septembre». Pas de titre, pas de manchette. Mais l'idée que désormais ces chiffres avaient leur propre signifiant. On sait que Art Spiegelman, dessinateur de l'Holocauste, avait conçu la une du New Yorker totalement noire, symbole des 3 000 victimes mais aussi traduction d'une Amérique en pleine sidération. Le 9/11, le nine eleven (qui est aussi le numéro des urgences aux Etats-Unis), avait pétrifié le monde et occulté l'histoire.

Dix ans plus tard, l'Amérique ne s'est toujours pas remise de ce traumatisme collectif. Le pays qui a mené tout au long de son histoire des guerres dans le monde entier se retrouvait attaqué sur son propre terrain. D'une manière abjecte et massive. Les attentats soigneusement planifiés devaient faire mal et faire peur. Et c'est la peur qui a triomphé.

La réponse, aussi justifiée fût-elle, a été destructrice pour l'Amérique. Victoire perverse des terrorismes : les Etats-Unis ont renié leurs valeurs de droit et de justice. Ils ont négligé les droits de l'homme au nom d'une croisade contre «l'axe du Mal». Dans leur pays, avec le Patriot Act, législation d'exception qui est devenue pérenne. Et sur l'ensemble de la planète, avec des prisons clandestines et la torture sous-traitée. Les images de Guantánamo ou d'Abou Ghraib ont surim