«We'll never forget.» Nous n'oublierons jamais. Ces quelques mots sont devenus à jamais synonymes du 11 Septembre aux Etats-Unis. Une décennie après les attentats, non seulement l'Amérique n'a pas oublié, mais elle vit encore dans l'ombre des tours qui se sont effondrées. Le pays est toujours englué dans les deux guerres déclenchées après l'attaque terroriste. Les Etats-Unis combattent une récession qui a vu le jour à la fin du mandat de George W. Bush et font face à une polarisation extrême de la vie politique, entre un Président affaibli et un Parti républicain radicalisé par les populistes du Tea Party. Dans tous les sondages, les Américains se disent pessimistes sur l'avenir et s'interrogent sur le rôle de leur nation dans le monde.
«L'unité qui avait vu le jour après le traumatisme a vite disparu et s'est volatilisée», explique Robert Shapiro, professeur de sciences politiques à l'université de Columbia, qui vient de publier un livre sur le 11 Septembre (1). «Le pays était très divisé sous Bush, après l'invasion illégitime de l'Irak. Il est toujours divisé aujourd'hui sous Obama, avec d'énormes inquiétudes sur l'économie et la direction à prendre. Nous avons peut-être encore moins de certitudes qu'il y a dix ans.»
Pour de nombreux économistes, les deux guerres menées par l'Amérique sont en outre l'une des causes principales de la crise qui s'est matérialisée en 2007. Le Nobel d'économie Joseph Stiglitz fut l'un des premiers à arguer que les mill