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Libération
Interview

«La chute de Moubarak constitue le tournant»

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Regards croisés d’un philosophe tunisien, d’un spécialiste de l’islam et d’un blogueur égyptien sur l’après-11 Septembre :
publié le 10 septembre 2011 à 0h00

Avant même la mort de Ben Laden, les révolutions arabes en Tunisie, puis en Egypte, donnaient le coup de grâce au projet jihadiste de terrorisme islamiste global. Trois intellectuels arabes analysent la nouvelle donne. Le philosophe franco-tunisien Abdelwahab Meddeb (1) ; Samir Amghar (2), docteur en sociologie à l’Ecole des hautes études en sciences sociales ; et l’artiste Aalam Wassef qui a tenu pendant la révolution égyptienne le blog «Cris d’Egypte».

Abdelwahab Meddeb, philosophe

«On ne va pas passer d’un coup du cauchemar à l’idylle»

Est-ce la défaite définitive d’Al-Qaeda ?

Oui, car même si ces révolutions démocratiques ne signifient pas nécessairement la fin complète du terrorisme islamiste, elles donnent un autre «la». Pendant une décennie le jihadisme, cette «maladie de l'islam» - telle que je l'appelais dans un livre publié sous le choc des attentats de New York (chez Seuil) - a été une référence centrale dans l'imaginaire (mais jamais dans les fait) du monde musulman. Or, ça, c'est fini. En tant que Tunisien, je voudrais que le 14 janvier (date du renversement de Ben Ali) ait destitué le 11 Septembre. Je dois reconnaître que c'est surtout le 11 février (qui marque le départ de Moubarak), qui, en raison du poids démographique et politique de l'Egypte, constitue le tournant, comme le souligne depuis des mois la presse arabe. Cela ne veut pas dire que l'on va passer d'un coup du cauchemar à l'idylle. La déresponsabilisation - «des musulmans n'ont pas pu faire ça» - ou la complotite - «c'est un coup du Mossad ou de