Comme la plupart des Egyptiens, Abdel Hamid ne porte pas Israël dans son cœur. Ce concierge de 39 ans connaît l'histoire des guerres de 1948, de 1967 et de 1973, tout au moins la version que l'on apprend sur les bancs de l'école égyptienne. Mais aujourd'hui, à choisir, il préfère de loin une relation stable plutôt que la guerre avec le voisin hébreu. «C'est inutile ! Nous sommes chez nous et ils sont chez eux. Qu'est-ce qui est le plus souhaitable ? La fin de relations diplomatiques accompagnée de complications ou bien un contact maintenu sans ennui ?»
Méfiants. Deux jours après la prise d'assaut de l'ambassade israélienne par des manifestants, l'Egypte est toujours sonnée. Et les Egyptiens plus que jamais méfiants à l'égard des révolutionnaires. «C'est comme si vous aviez une énergie positive, celle de la révolution, qui se transforme en énergie négative. Pourquoi avoir attaqué l'ambassade ? Ça ternit l'image de la révolution et de l'Egypte», s'emporte le médecin Ahmed Salama. Mais pour Yasser, 20 ans, étudiant en ingénierie, la cause était légitime. Assis sur le bord du trottoir, les yeux rougis par les gaz irritants, les traits tirés après une nuit d'émeutes, il contemple la rue, un champ de bataille parsemé de pierres et de bris de verre. «Pourquoi protéger l'ambassade alors qu'Israël tue nos soldats ? Quelle honte !» s'indigne-t-il.
Vendredi, vers 18 heures, Yasser quitte la place Tahrir, où des dizaines de milliers de personnes