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TRIBUNE

Qu’attendent les tribunaux cambodgiens ?

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par Raoul-Marc Jennar, Historien, docteur en études khmères
publié le 12 septembre 2011 à 0h00

Les magistrats instructeurs ont terminé leur travail fin septembre 2010. Plus rien ne s’oppose à ce que le début du véritable procès des crimes commis pendant la période du Kampuchéa démocratique commence. Or, plusieurs sources indiquent qu’il ne s’ouvrira pas avant la fin 2011, voire le début 2012. Les victimes survivantes, qui ont déjà attendu trente ans, sont âgées, souvent malades et elles voient s’évanouir l’espoir que justice soit rendue de leur vivant. Le décès de Vann Nath, artiste peintre dont l’œuvre témoigne des horreurs du centre S 21, où il fut détenu et torturé, fournit une douloureuse actualité à cette déception. Vann Nath, qui a témoigné au procès de Douch, le directeur de S 21, ne pourra plus témoigner contre ceux qui furent les chefs de ce bourreau et qui ordonnèrent massacres et tortures.

J’ai souhaité la création des tribunaux cambodgiens, les CETC (1), c’est en ami de ceux-ci que je m’exprime. Même s’ils n’ont pas encore entamé le plus gros de leur tâche - mener à bien le dossier 002, c’est-à-dire le procès de Khieu Samphan, Nuon Chea, Ieng Sary et son épouse Khieu Thirith -, une liste des points positifs peut déjà être dressée. Le tribunal met fin à l’impunité des plus hauts dirigeants du Kampuchéa démocratique encore en vie, et ce n’est pas rien dans un pays gangrené par ce fléau. Ensuite, il permet d’établir une vérité : ce sont des Khmers qui ont ordonné l’élimination d’autres Khmers. Pas des Vietnamiens, contrairement à ce qu’affirmait la propagande