Dans sa mosquée de Ben Achour, un quartier aisé de Tripoli, le cheikh El Alhadi Algmati semble soulagé. La chute du régime l'a débarrassé d'un encombrant visiteur : Saadi Kadhafi. Sans que personne ne sache apparemment pourquoi, le troisième fils du dictateur déchu avait pris l'habitude de venir dans cette mosquée. Et cet été, alors que les rebelles s'approchaient des portes de la capitale libyenne, il avait eu une idée : créer une madrasa (école religieuse) islamiste, d'obédience salafiste. «C'était à n'y rien comprendre, le régime avait toujours combattu les radicaux. Je suppose que Kadhafi a tenté en dernier recours de les rallier pour repousser les rebelles», explique El Alhadi Algmati. Les travaux de la madrasa n'ont finalement jamais été achevés. «C'est très bien comme ça. Notre mosquée n'a rien d'extrémiste, nous avons toujours pratiqué, comme la quasi-totalité des Libyens, un islam modéré.»
Peut-on exclure une prise de pouvoir par les islamistes en Libye ? Sans aucun doute, répondent les révolutionnaires. «Ce sont des jeunes, des civils, qui ont lancé ce mouvement avec des manifestations pacifiques. Personne ne nous volera votre révolution. Si jamais des islamistes arrivent à la tête du pays, nous nous en débarrasserons comme nous nous sommes débarrassés de Kadhafi», assure Abdul Oubashit, un médecin de 29 ans de retour à Tripoli après avoir soigné, durant cinq mois, les rebelles à la frontière tunisienne.
Les thuwar, qui ont lancé la lutte a