Ils ne portent pas encore de fausse barbe ni de postiche. Ils ne circulent pas non plus sous une fausse identité. Mais certains parlementaires italiens préfèrent désormais prendre leurs précautions et se déplacer en toute discrétion. Car en pleine crise économique, morale et de confiance, députés et sénateurs sont exposés à la vindicte publique. Le métier d'onorevole (honorable) est devenu une profession à risques.
Alors que l'opinion, relayée par plusieurs journaux, dénonce«une caste» de privilégiés très bien payés, plus ou moins cooptés et coupés de la réalité des citoyens, les élus ont progressivement vu leur existence bouleversée. D'intouchables, auxquels jadis on demandait faveurs et pistons, ils sont devenus le symbole des turpitudes du pays, de la corruption diffuse et de l'impunité. Et Silvio Berlusconi n'est pas le seul à essuyer des sifflets. Dans la rue, certains se font insulter. «Parfois, il s'agit d'une véritable haine», a raconté le vice-président (droite) de la Chambre des députés, Osvaldo Napoli, dans le quotidien la Stampa. Un ancien porte-parole de Romano Prodi confirme : «On est parfois pris à partie dans la rue, sans distinction. C'est le "tous pourris" qui domine.»
«Je me trouvais à l'hôpital pour une intervention aux coronaires, une infirmière m'a demandé quel métier je faisais. J'ai pensé qu'il valait mieux que je dise retraité», a raconté le parlementaire Francesco Nucara, 71 ans. «J'ai demandé