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Libération
TRIBUNE

Pas de printemps pour l’Algérie

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par Mélissa Rahmouni, Présidente de l’association Sciences-Po monde arabe, rédactrice adjointe du site ArabsThink.com
publié le 13 septembre 2011 à 0h00

Adepte du lyrisme nationaliste, le président Abdelaziz Bouteflika ne lésine pas sur les mots. Déjà, en juin 2006, il dérapait violemment sur le tabou des binationaux algériens-français : «Ils viennent avec le passeport rouge et narguent le consulat algérien en demandant des visas ! […] Celui qui détient un passeport étranger ne peut avoir en même temps le passeport algérien.» Vouant une adoration sans égal pour l'exemple mauritanien, «qui retire sa nationalité à tout citoyen qui acquiert celle d'un autre pays», il déplorait le choix de ses prédécesseurs d'avoir permis aux binationaux d'accomplir leur service militaire dans l'un des deux pays. L'agacement face à ces hommes d'affaires et autres binationaux soucieux de voyager en Algérie avec la «protection» française a été renchéri par les tendances ultrapatriotes des uns et islamo-conservatrices des autres, accusant ces «vendus» de corrompre les mœurs algériennes.

Mais, en cette année aux accents révolutionnaires, le régime entend bien passer à l'action et élaborer à huis clos des réformes maison. Après les promesses illusoires de démocratie participative, il rédige un avant-projet de révision de la loi électorale. Ce texte, publié sur le journal algérien Internet TSA, contient en outre deux dispositions coup de tonnerre stipulant que les candidats doivent «être de nationalité algérienne exclusive, d'origine ou acquise depuis vingt ans au moins» et en «possession d'un diplôme d'études universitai