Dans son survêtement blanc, Daylin se déhanche sur un air de salsa. Un exercice «pour faire bouger le bébé», explique la professeure de danse. Enceinte de deux mois, la jeune fille de 16 ans a toujours la taille ultrafine et la poitrine à peine naissante. La jolie métisse aux boucles noires a connu la même histoire que beaucoup de ses copines : la pilule du lendemain «a foiré». Elle a su qu'elle était enceinte lorsqu'elle a commencé à vomir tous les matins. «Je n'ai pas pleuré, se vante-t-elle en triturant son serre-tête, mais ma mère m'a traitée de tous les noms, disant que j'étais une traînée.»
Comme la plupart des mères adolescentes, c'est seule qu'elle s'occupera de son enfant. «C'est mieux comme ça, le type avec qui j'ai couché est un sale type, il est violent», lâche-t-elle en haussant les épaules. L'éducation de son bébé ne lui fait pas peur, elle en a déjà un à charge, «une petite fille qu'une voisine a abandonnée». Au Venezuela, l'avortement est interdit.
La maternité «glorieuse»
Daylin et les autres mineures enceintes qui se rendent à ces cours de préparation à l'accouchement, dispensés par l'association Fille-mère, à Coche, une zone très populaire de Caracas, viennent toutes du même secteur. Elles ont grandi dans un barrio, ces quartiers autoconstruits de la capitale vénézuélienne, où les petites maisons de moellons rouges s'empilent anarchiquement les unes sur les autres. Au siège de l'a