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Libération
Interview

«Nos relations ne doivent plus être polluées par le passé»

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Le président rwandais, Paul Kagamé, ne fait pas des excuses de Paris un préalable à l’établissement de nouveaux liens.
Le président rwandais Paul Kagame lors d'un discours à l'Institut francais des relations internationales (IFRI) à Paris le 12 septembre 2011. (© AFP Thomas Samson)
publié le 14 septembre 2011 à 0h00

Après le déplacement de Nicolas Sarkozy à Kigali, en février 2010, Paul Kagamé est venu dimanche parachever la réconciliation avec la France, accusée par le Rwanda de complicité dans le génocide de 1994. C'est la première visite d'un président rwandais depuis ces massacres, qui avaient fait quelque 800 000 morts parmi les Tutsis et les opposants hutus. Elle a fait grincer des dents en France, où les militaires n'ont jamais accepté un rapport d'enquête rwandais de 2008, qui affirme que l'armée française a participé à la formation des génocidaires et accuse même ses soldats d'avoir directement pris part aux massacres. Côté français, des mandats d'arrêt avaient été lancés contre des proches de Kagamé, ce qui avait entraîné trois ans de rupture des relations diplomatiques entre Paris et Kigali. Dans une longue interview accordée à Libération, le président rwandais insiste sur la nécessité de tourner la page.

Pendant votre visite, vous avez dit vouloir échapper au poids de l’histoire. Cela signifie-t-il que vous renoncez à obtenir des excuses de Paris à propos du génocide ?

Nous ne devons pas nous laisser piéger par l’histoire mais, au contraire, aller de l’avant. Nous devons construire une nouvelle relation bilatérale entre Français et Rwandais. Tout le reste découlera de cette capacité à établir de nouveaux liens. Sans l’établissement d’une relation, rien ne sera possible.

Peut-elle, par exemple, déboucher sur la mise en place d’une commission mixte d’historiens, chargés d’examiner les responsabilités des uns et des autres ?

C’est exactement ce que nous pourrons faire si nous parvenons d’abord à construire cette nouvelle relation que j’appelle de mes vœux. Cette commission fonctionnerait comme une plateforme. Le passé est le passé, nous ne pouvons pas revenir en arrière. Nous conduisons