Le géographe Michel Deshaies dirige le Cerpa (Centre d’études et de recherche sur les paysages) à l’université de Nancy. Parmi ses axes de recherches : l’évolution récente de l’Allemagne et de l’Europe centrale.
Comment se traduisent géographiquement les élections législatives locales de ce week-end à Berlin ?
La ville reste marquée politiquement par l'ancienne division historique. Si le SPD [Parti social-démocrate allemand] gouverne la ville réunifiée, il a dû, après les élections de 2006, former une coalition avec Die Linke [«la Gauche»] qui domine les circonscriptions de la partie est. Mais la progression du vote écologiste dans les quartiers centraux comme Mitte et Kreuzberg pourrait obliger le SPD à changer de partenaire au profit des Grünen [«les Verts»], en passe de devenir le deuxième parti devant la CDU [Union chrétienne démocrate].
Berlin a-t-elle retrouvé son envergure de capitale européenne depuis 1989 ?
Berlin est certes redevenue la capitale politique de l’Allemagne et la troisième ville la plus visitée d’Europe, mais sur le plan économique, elle ne soutient pas la comparaison avec les grandes métropoles de l’ouest du pays. Avec deux fois moins d’habitants, Hambourg produit plus de richesse que Berlin, tandis que le PIB par habitant de Munich est presque deux fois et demie supérieur à celui de la capitale. Alors que tous les grands groupes industriels ou bancaires allemands ont leur siège social à l’Ouest, Berlin n’est le siège d’aucune grande entreprise, à part la Deutsche Bahn. Berlin est en fait une ville pauvre dont le PIB par habitant atteint 86% de la moyenne allemande, alors que son endettemen