Comme chaque semaine depuis un an, une poignée de jeunes Palestiniens sont venus défier les soldats israéliens en une marche bruyante et colorée dans la zone tampon qui sépare Gaza d'Israël, près du point de passage d'Erez. A défaut de pouvoir se rassembler dans les rues de Gaza où le Hamas interdit les attroupements, c'est à une encablure du territoire israélien que les protestataires hurlent leurs frustrations. Ce jour-là, sous la chaleur écrasante d'un été qui se prolonge, la micromanifestation rassemble une quinzaine de participants et se veut un soutien à la démarche de Mahmoud Abbas aux Nations unies. Au porte-voix, Saaber se lance dans un discours fleuve sur l'indépendance de la Palestine. Mais ses mots traduisent la confusion qui règne en ce moment à Gaza sur la position à adopter face à l'initiative du dirigeant de Ramallah : «Nous soutenons un Etat dans les frontières de 1967, tonne Saaber. Mais nous gardons nos yeux sur Haïfa, Jaffa… [des villes situées en Israël même, ndlr].»
Silencieux. Nour Arazin a 22 ans. Foulard discret cachant ses cheveux, jean traînant dans la poussière, elle est venue se joindre au petit groupe. Si elle se déclare en faveur d'une demande d'adhésion à l'ONU, c'est parce que «cela pourrait provoquer un gros événement, l'Autorité palestinienne pourrait se disloquer, ou bien il pourrait y avoir une troisième Intifada». Au moment où Saaber lance sa litanie dans le mégaphone, Nour reste interloquée.