C'est à la mi-février, à Benghazi, à l'appel des familles de disparus de la prison Abou Salim, à Tripoli, qui protestaient contre l'arrestation de leur avocat, que la révolution avait commencé en Libye. L'écho des disparus d'Abou Salim est toujours vif dans l'opinion, à tel point qu'hier le défilé des familles qui avaient perdu un proche était incessant sur les lieux supposés «du massacre de masse». Othmen Abdeljelil, responsable de la commission des disparus, avait convié, dimanche, «les correspondants étrangers» à juger «par eux-mêmes de la véracité des crimes commis» par le régime. «Ensuite, les restes des corps ont été balancés sur le terrain à côté de la prison», avait-il affirmé.
Terrain vague. Mais derrière l'enceinte de l'établissement, rien ne laisse supposer la présence d'ossements humains. Ils étaient pourtant encore une trentaine, hier à la mi-journée, à gratter d'un bout de bois le sol sablonneux de ce terrain vague. Mais pas d'équipe médicale sur les lieux, qui aurait pu certifier aux familles totalement perdues que ce fémur ne pouvait appartenir qu'à un mammifère de 500 kilos. Pas de pelle mécanique pour excaver le sable. Ne parlons même pas d'une présence officielle du CNT, simplement pour justifier cette incroyable annonce qui a secoué l'opinion dimanche, alors que la même commission des disparus avait officiellement appelé le président Moustafa Abeljelil «à épauler les recherches» en déployant