Vingt-trois ans après la fin de la dictature militaire, le Brésil est-il enfin prêt à affronter son passé ? Le Parlement vient d'adopter un projet de loi instituant une «Commission nationale de vérité» pour examiner les violations des droits de l'homme commises entre 1946 et 1988, période qui comprend les Années de plomb (entre 1964 et 1985). «C'est un pas important pour le Brésil et pour sa position dans le monde», s'est félicitée la présidente, Dilma Rousseff, elle-même une ex-guérillera arrêtée et torturée par le régime militaire. Contrairement aux pays voisins, le Brésil s'était empressé de tourner la page de sa «sale guerre». Car ici, l'armée a entamé d'elle-même la politique d'ouverture qui a abouti à son retour dans les casernes. D'où l'extrême prudence du pouvoir civil à son endroit. De plus, son bilan est bien moins lourd qu'en Argentine ou au Chili : 400 morts et près de 160 disparus, mais tout de même 20 000 personnes torturées.
Dans les années 90, l'Etat a reconnu sa responsabilité dans ces exactions, accordant une «réparation» financière aux victimes et à leurs proches. Mais il n'y a pas eu de véritable travail de mémoire. La Commission de vérité (qui doit encore être validée par le Sénat) aura deux ans pour conclure ses travaux. Pour certains, ce serait trop court, d'autant qu'elle ne comptera que sept membres (et 14 assistants) désignés par la Présidente. Ces derniers pourront «convoquer» qui bon leur semble et ident