C’était l’ordre des choses, dira-t-on. C’était couru d’avance, réglé comme du papier à musique, disent déjà tous ceux qui ont toujours considéré, à l’extérieur comme à l’intérieur de ses frontières, que la Russie était génétiquement programmée pour la dictature mais la manière dont Dmitri Medvedev a renoncé à briguer un nouveau mandat et proposé que Vladimir Poutine lui succède au Kremlin ne relève pourtant pas de la génétique.
Voilà un homme que son prédécesseur avait intronisé, en 2008, pour l'unique raison que la Constitution lui interdisait d'exercer un troisième mandat consécutif, un homme qui devait tout à Vladimir Poutine, mais qui s'était démarqué de lui avant même d'être élu. Dès ses premiers discours, Dmitri Medvedev avait défini la Russie comme l'une des «trois branches de la civilisation européenne» avec les Etats-Unis et l'Union européenne. Il avait exprimé par là une volonté d'arrimer son pays au monde occidental, de le faire rompre avec l'illusion d'un destin singulier de puissance eurasiatique et de le remettre sur la route de la démocratie et de la modernisation économique.
«Des mots, rien que des mots», avait-on dit mais, depuis bientôt quatre ans, ce jeune président arrivé à l'âge adulte après l'effondrement soviétique n'avait pas cessé de creuser le sillon et développer la même vision. Il pourfendait la corruption à tous les niveaux de l'Etat et s'opposait - l'un de ses rares succès -à l'instauration de toute censure sur Internet. Il ne se