La récente visite du président rwandais, Paul Kagame, a donné lieu à des propos haineux à l’encontre d’un pays qui salirait l’armée et les autorités françaises, accusées de complicité de génocide, et de Français qui s’interrogent. Pauvre France !
En 1998, aux questions insistantes concernant son rôle, on opposa un écran de fumée. Tel fut le rôle de la mission d’information parlementaire sur la «tragédie rwandaise». Pas une commission d’enquête, difficile à contrôler. Pas un génocide, une «tragédie».
La mission a laissé dire les protagonistes convoqués sans les contredire, à la différence de la commission sénatoriale belge. Alain Juppé a ainsi pu déclarer, contre toute évidence, que l'armée française avait sauvé «des centaines de milliers de vies». Certes, le rapport et ses annexes ont apporté des éléments nouveaux. Des os à ronger jetés aux rares gens intéressés. Mais qui lirait 1 854 pages ? En revanche, Paul Quilès, président de la mission, en a présenté un résumé édulcoré au journal de 20 heures. L'occasion d'établir les responsabilités a été sabotée.
Parmi bien des points non résolus figure le massacre de Bisesero. Avec un autre chercheur, j’ai rencontré, après la fin des travaux de la mission, Pierre Brana, un des rapporteurs. Agacé par ses propos lénifiants, j’ai finalement soulevé la question de Bisesero. A l’évocation de ce nom, il m’a longuement foudroyé du regard. J’avais dit un gros mot.
Située dans la «zone humanitaire sûre» de l’opération Turquoise, cette c