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Libération
Critique

Russie milliardaire et dissident

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publié le 1er octobre 2011 à 0h00

Certains personnages se prêtent davantage au traitement documentaire qu'à la fiction. Ainsi Mikhaïl Khodorkovski, après avoir fait l'objet d'un film présenté à la dernière Berlinale, est à l'origine d'un livre hybride : Paroles libres. Ces «paroles» ont été écrites de sa cellule à Moscou ou de son bagne en Sibérie. Le livre recueille ses essais politiques, ses correspondances avec des écrivains tels que Boris Akounine, Boris Strougatski et Ludmila Oulitskaïa (1), et des interviews. On comprend, à la lecture de cette collection disparate, comment Khodorkovski est passé de l'oligarchie pillarde des années Eltsine et à la dissidence politique. Sacré roi du pétrole, il n'est déjà plus un oligarque comme les autres. Il ressemble davantage à un champion d'échecs, cheveux ras, lunettes cerclées… à l'opposé du bling-bling. Surtout, il a des ambitions politiques pour son pays : il finance une fondation et des partis d'opposition.

Début 2003, Poutine reçoit les oligarques et entend leur faire comprendre ses règles : à eux les affaires, à lui la politique. Parmi eux, Khodorkovski qui dénonce la corruption au sommet de l’Etat. Poutine lui demande sur un ton glacial s’il est en règle avec le fisc. Sûr de lui, Khodorkovski répond par l’affirmative. Il sera arrêté peu après. Les procès dont il est l’accusé sont de plus en plus grotesques et fabriqués. Il vient d’être condamné à quatorze années supplémentaires. A Boris Akounine, qui lui demande pourquoi il n’est pas parti comme d’au