En juillet, dans un geste pratiquement inédit dans les annales diplomatiques, Washington a interdit de visa soixante officiels russes. Parmi eux : des juges, des avocats, des responsables du fisc et de la police, des médecins… Tout un groupe soupçonné d’être impliqué, d’une façon ou d’une autre, dans la mort, en 2009, de Sergueï Magnitski. Interpellé un an auparavant en pleine santé, ce juriste de 37 ans est décédé en prison dans des conditions inhumaines. Son seul tort: avoir dénoncé une fraude massive au fisc.
L’initiative des Etats-Unis n’est pas isolée. Le Parlement des Pays-Bas a demandé au gouvernement de La Haye de prendre les mêmes sanctions. Le Canada aussi. Et le Conseil de l’Europe, qui suivait déjà le cas Magnitski quand il croupissait en prison, a entrepris, récemment, d’auditionner l’ancien patron du Russe ainsi que des militants des droits de l’homme. Au grand dam de Moscou qui tente coûte que coûte de s’y opposer.
Avant de mourir, Magnitski a vécu un vrai calvaire. Il a été déplacé de cellule en cellule, envoyé dans une prison insalubre au moment même où on découvrait sa maladie, puis laissé sans soins pendant des mois. Quand son état s’est subitement aggravé, on l’a laissé mourir après l’avoir copieusement rossé.
Sa mort a soulevé une grande émotion à Moscou, plus qu'aucun autre décès suspect, pourtant monnaie courante en Russie. «Sergueï Magnitski était un homme avec lequel tout le monde pouvait s'identifier. Un travailleur acharné, simple et convivial»,