«Retirez vos pantoufles, a intimé Barack Obama, le 24 septembre, au Black Caucus, l'assemblée des élus noirs au Congrès. Enfilez vos chaussures de marche. Secouez-vous ! Cessez de vous plaindre, cessez de ronchonner, cessez de pleurer…» Plus d'une semaine après le discours, cette admonestation continue de faire des vagues au sein de la communauté noire. Alors que la campagne pour la présidentielle 2012 s'engage déjà, elle repose la question de la relation du premier président noir américain… avec les Noirs. La communauté a-t-elle été choquée par ce discours d'Obama ? Un président blanc n'aurait certainement pas pu se permettre de telles réflexions, a relevé Boyce Watkins, professeur à l'université de Syracuse. Obama traite la communauté noire comme une «maîtresse», accuse Watkins : il attend qu'elle le cajole mais ne lui concède qu'un statut de «seconde classe».
«Je n'ai jamais eu de pantoufles», a rétorqué une élue du Black Caucus, Maxine Waters, remarquant qu'il ne se serait certainement pas permis d'admonester ainsi d'autres communautés, comme les Latinos ou les homosexuels. Beaucoup rappellent aussi qu'ils ont de bonnes raisons de se plaindre de sa présidence, qui a vu le chômage grimper jusqu'à 16,7% chez les Noirs, contre 8% pour les Blancs. «Mais je ne crois pas qu'un grand nombre de Noirs se sentent offensés, assure Randall L. Kennedy, professeur à Harvard et auteur d'un livre sur la question raciale sous Obama.