Voilà presque un mois, depuis la prise de Tripoli, que Khaded, 23 ans, voyage autour du même check-point à la sortie ouest de Tripoli, dans le quartier Omar al-Mokhtar. Il a conscience, comme ceux qui tiennent ce barrage, de sa supériorité, une arme en bandoulière. Un chauffeur de taxi pris de panique par les tirs en l'air pile : «Vous êtes dingues ! Il y a des enfants, des femmes…» Eux : «Nous sommes les libérateurs ! Sans nous, tu n'es rien.» Le type : «Au lieu de tirer en l'air, allez prendre Syrte !» Il repart avec les gars qui tambourinent son coffre. Au restaurant du coin, les trois très jeunes combattants ont table ouverte, armes posées sur la table. «Ce sont de jeunes branleurs sans aucune éducation. Parfois même des adolescents qui ont pris les armes alors que la ville était déjà acquise à la rébellion», se désole le commandant Mohamed Nagassa, un des quatre responsables du régiment Mohamed-Madani, en provenance du djebel Nefoussa (Ouest).
«Débauche». Et que dire de ceux-ci, en convoi de 12 véhicules, stoppant la circulation à 22 heures sur le boulevard de la Plage, qui tirent au canon antiaérien ? Ou de «l'intimidation» à coups de 14 mm dans le ciel, jeudi, au cœur de la nuit, dans l'ancienne académie militaire de filles, entre résistants berbères de Zouara et barbus de Misrata. Les seconds reprochaient aux premiers «une conduite de débauche», car les Berbères auraient sifflé une bouteille de vod