C’est en Turquie que l’opposition syrienne est allée s’unir le week-end dernier. Laïques et islamistes, de gauche et de droite, tous courants politiques et religieux confondus, ils étaient tous là et ce n’est pas par hasard qu’ils avaient choisi Istanbul pour annoncer la formation du Conseil national syrien, leur nouvelle organisation commune.
La Turquie fait rêver le monde arabe. Chaque jour un peu plus, elle y fascine les peuples entrés en mouvement depuis la révolution tunisienne. Pour eux, elle est devenue motif d’espoir, voire exemple à suivre, non seulement parce que son taux de croissance a largement dépassé celui de la Chine au dernier semestre et que la Turquie, quinzième économie du monde, est l’une des plus dynamiques des puissances émergentes, mais aussi, surtout, parce ce succès économique se double d’un succès politique.
Gouvernée depuis près d’une décennie par un parti islamiste, l’AKP, qui est devenu majoritaire en se convertissant à la démocratie, la Turquie s’est stabilisée dans la prospérité. Elle a si bien su marier traditions religieuses et modernité, islam et démocratie, islamisme et laïcité, qu’elle a rompu avec une longue histoire de coups d’Etat militaires à répétition et que la nouvelle génération arabe, islamistes en tête, cherche aujourd’hui à importer son modèle.
En Syrie, les Frères musulmans disent désormais aspirer à un «Etat civil, démocratique et moderne» et en appellent au soutien des Etats-Unis. Les islamistes tunisiens se réclament officiell