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Libération

La grève du sexe, facteur de paix

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La lauréate du prix Nobel de la paix, Leymah Gbowee, organisa une grève du sexe en 2003 pour que la parole des femmes soit écoutée lors du processus de paix au Nigeria. Une stratégie qui remonte à l'Antiquité.
Les ambassadeurs lacédémoniens mécontents. Illustration d'un recueil allemand de la pièce «Lysistrata», 1896.
publié le 7 octobre 2011 à 15h51
(mis à jour le 7 octobre 2011 à 18h10)

Leymah Gbowee est l'une des trois nouvelles lauréates du prix Nobel de la paix. Sans elle, la présidente libérienne Ellen Johnson n'aurait sans doute jamais pu accéder au pouvoir. Cette militante pacifiste, travailleuse sociale, s'est battue pour la fin des massacres et pour le droit des femmes et des enfants dans cette société ravagée.

Responsable de l'organisation Women of Liberia Mass Action for Peace, elle vient d'ailleurs de publier son autobiographie, intitulée Mighty Be Our Powers: How Sisterhood, Prayer, and Sex Changed a Nation at WarQue nos pouvoirs soient puissants: comment la communauté de femmes, la prière et le sexe ont changé une Nation en guerre»). L'utilisation du mot sexe dans le titre n'est pas un hasard: l'une de ses actions les plus symboliques et efficaces est d'avoir initié une grève du sexe.

Lors des négociations de paix entre l'autocrate déchu Charles Taylor – l'auteur de la célèbre formule, «J'ai tué votre père, j'ai tué votre mère. Votez pour moi» – et les chefs de guerre, les femmes n'étaient pas représentées. En 2003, elle les a donc appelées à fermer les jambes tant qu'elles n'auraient pas leur mot à dire. Ce fut un succès.

Cela partait d'un mouvement féministe plus large, centré notamment sur la prière. Dans son autobiographie, elle estime que la lutte des Libériennes pour la paix «n'est pas une histoire de guerre traditionnelle. Il s'agit d'une armée de femmes vêtues de blanc, qui se sont levées lorsque personne