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Libération
Reportage

Le Soudan à la frontière de la guerre

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Pour mater des rebelles restés au Nord mais ayant soutenu la sécession du Sud, Khartoum réprime tous azimuts les peuples nuba. Avec la fin de la saison des pluies, les combats devraient s’intensifier.
publié le 12 octobre 2011 à 0h00

«Béchir, tu devrais écouter la voix de la révolution des populations nuba. Tu vas bientôt fuir devant nos brigades, nos bataillons, la révolution va continuer» : dans un claquement, les combattants frappent une main contre leur AK-47 pour rythmer ce chant de guerre adressé au président soudanais Omar el-Béchir. En rang devant leurs officiers, une centaine de rebelles fredonnent ce refrain qui prédit un sombre avenir à celui qu'ils considèrent comme le responsable de leur marginalisation et du conflit dans la province du Sud-Kordofan, qui a éclaté début juin.

Discrimination. Ces combattants appartenant à la section Nord de l'Armée populaire de libération du Soudan (APLS-Nord) sont d'origine nuba, une population de cultivateurs sédentaires unis par une culture commune, mais qui comprend plus de 50 dialectes différents. Une grande majorité de Nuba ont rejoint la rébellion sudiste pendant la guerre civile entre 1983 et 2005.

Depuis l’indépendance du Soudan du Sud proclamée le 9 juillet, ces anciens alliés des sudistes restés au Nord se retrouvent désormais en première ligne contre Khartoum, tout comme leurs camarades du Nil bleu, autre région frontalière qui s’est embrasée début septembre. Le gouvernement soudanais avait exigé le désarmement ou le redéploiement au Sud de tous les soldats de l’APLS-Nord (estimés à 40 000 dans les deux régions), tandis que ceux-ci réclamaient de nouveaux accords pour permettre leur intégration graduelle dans l’armée soudana