Les lecteurs des quotidiens indiens ont récemment découvert une publicité inhabituelle : sur une pleine page, une photo du chef du gouvernement de l'Etat du Madhya Pradesh (centre), portant dans ses bras une enfant, avec un slogan simple : «Les filles apportent la joie de vivre.» «Elles comblent nos vies avec leurs sourires. Elles sont capables de tout faire. […] Leur présence est l'espoir de demain», poursuivait le texte, annonçant la campagne «Sauvez nos filles», lancée la semaine dernière par le gouvernement de cet Etat.
Déjà menée dans d’autres Etats de l’Union ces dernières années, celle-ci vise à lutter contre les avortements sélectifs au sein d’une population qui privilégie encore largement les garçons. Selon le recensement mené en début d’année, l’Inde ne compte que 940 femmes pour 1 000 hommes. Concrètement, cela signifie que plus de 40 millions de naissances de petites filles n’ont pas eu lieu au cours des dernières décennies. Plus préoccupant encore, le ratio pour les moins de 6 ans, plus représentatif de l’évolution récente, est de seulement 914 pour 1 000. La preuve, en d’autres termes, que les avortements de fœtus féminins se pratiquent toujours à très grande échelle, dans toutes les classes sociales.
Car s’il est officiellement interdit aux médecins de dévoiler le sexe des fœtus, un pot-de-vin suffit souvent à les convaincre de parler. Dans ce pays où le paiement d’une dot reste la norme, et où les femmes sont destinées à rejoindre la famille de leur ma