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grand angle

A L’Aquila, la science secouée

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Sept experts sont accusés d’homicide involontaire par des survivants du séisme qui a dévasté la cité italienne en 2009. Ouvert le 20 septembre, ce procès est une première dans l’histoire des catastrophes naturelles. Demain, audience des premiers témoins.
publié le 14 octobre 2011 à 0h00

«Mais quand quelqu'un lèvera-t-il donc le doigt pour dire que, durant cette nuit du 6 avril 2009, quelque chose n'a pas fonctionné correctement ? » Giustino Parisse ressasse cette question depuis plus de deux ans. Dans le séisme qui fit 309 morts et un millier de blessés à L'Aquila et alentours, il a perdu ses deux enfants et son père. La cinquantaine, il reçoit en survêtement dans la véranda de son nouveau bungalow d'Onna, un petit village où la secousse tellurique de magnitude 6,3 survenue à 3 h 32 du matin a tué 29 personnes, 11% de la population. Aujourd'hui, il fait partie des centaines de personnes qui ont portéplainte contre les sept membres de la Commission aux risques majeurs, cinq scientifiques et deux responsables de la protection civile. Réunis six jours avant le drame, alors que la région était l'objet de secousses telluriques inhabituelles depuis décembre, accusés d'avoir mal évalué le danger, ils sont poursuivis pour «homicide involontaire». Leur procès s'est ouvert le 20 septembre à L'Aquila dans une salle comble. C'est la première fois dans l'histoire des catastrophes naturelles que des scientifiques sont ainsi mis en cause. «Je ne m'en prends pas à la science en tant que telle mais à une science qui ne fait pas bien son métier», explique calmement Giustino Parisse.

Cette nuit-là, Giustino était resté chez lui, rassuré comme tant d'autres habitants par les déclarations faites à l'issue de la réunion de la Commission «Grandi Rischi».