«Aatakni» («Lâche-moi») : 2 000 à 3 000 personnes ont défilé sous ce slogan, hier à Tunis. Une marche pour la défense de la liberté d'expression, en réplique à la mobilisation des islamistes contre la chaîne de télé Nessma, qui agite le pays depuis une semaine. Cette télévision privée avait suscité la polémique en diffusant le film d'animation Persepolis, qui contient une représentation de Dieu - ce que l'islam proscrit - et choqué bon nombre de Tunisiens. Les intégristes ont donc ouvert les hostilités, le 9 octobre, en tentant d'assaillir les locaux de la chaîne. Toute la semaine, des petites manifestations avaient ensuite eu lieu. Vendredi, la mobilisation a atteint son apogée lorsque quelques milliers de personnes, islamistes radicaux et citoyens ordinaires, ont défilé sans grands heurts, après la prière. Devant le tollé, Nabil Karoui, le patron de Nessma, a été contraint de présenter ses excuses aux Tunisiens. Il fait aussi l'objet d'une procédure judiciaire, de même que ceux qui ont traduit le dessin animé en arabe.
Hier, c'était au tour du «peuple [qui] veut la liberté d'expression» de se faire entendre. «Je suis là pour dire que ceux qui ont protesté contre Nessma ne représentent pas toute la société tunisienne», insiste Amel Elmayel, enseignante d'arts plastiques. «Il ne faut pas laisser la rue à ceux qui appellent à un retour en arrière», ajoute Fayçal Abroug, ancien responsable syndical. «On a un nouveau tabou : la sensibilité