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Libération
TRIBUNE

France-Rwanda : une «mémoire empêchée» ?

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publié le 17 octobre 2011 à 0h00

Depuis plusieurs années, une vague douloureuse a fait irruption dans le débat national et international : la concurrence des victimes et ses conséquences, la rivalité mémorielle et les exhortations de certains pays à la repentance. La «mémoire empêchée» - pour reprendre une belle expression de Paul Ricœur - provoque son corollaire : la manipulation de la mémoire et son utilisation politique à des fins intérieures. Pensons à tout ce que les logiques de déni, ou d’idéalisation de notre récit national, ont apporté comme dénaturation de notre histoire et comme instrumentalisations politiques. Les relations franco-rwandaises comme les relations franco-algériennes sont remplies de fantômes. C’est ce refus forcené de la France d’admettre une forme de responsabilité fût-elle morale dans le génocide au Rwanda qui a conduit aux excès de la commission mise en place par Paul Kagame fustigeant de façon excessive les complicités françaises. De même que le refus d’ouvrir en France un grand débat, après la loi d’amnistie de 1966 sur la responsabilité française dans l’utilisation massive de la torture en Algérie et l’idéalisation de la colonisation permit au pouvoir algérien tant de cyniques manipulations. Les excès des uns nourrissent les outrances des autres dans un cercle vicieux infernal. Les conséquences en sont innombrables : l’historien se dispute parfois avec le juge à qui l’on demande trop et les passions s’exacerbent. Edouard Balladur, qui qualifiait l’opération Turquoise d’entrepr