Ce n'est pas du tout la liberté, la tolérance et la démocratie triomphantes. Neuf mois après que la Tunisie eut donné le signal du «printemps arabe» et quelques jours avant qu'elle ne vote dimanche, on y a vu des islamistes se déchaîner contre une télévision privée coupable d'avoir diffusé Persépolis, le superbe film de Marjane Satrapi sur la confiscation de la révolution iranienne par les mollahs et leur théocratie.
Le présent semblait rattraper le passé et l’histoire se répéter. Le directeur de Nessma TV a dû finir par s’excuser de ne pas avoir réalisé qu’une image représentant Dieu dans le songe d’une enfant constituait un sacrilège. La liberté tunisienne s’est inclinée devant l’intégrisme religieux et, plus grave encore, il y eut, au même moment ou presque, ces chars égyptiens lancés sur des coptes manifestant contre la démolition d’une église. Au moins vingt-cinq personnes ont été tuées ce jour-là, dans ce qu’il faut bien appeler une tuerie antichrétienne perpétrée de sang-froid.
Ce furent deux moments glaçants mais faudrait-il, pour autant, regretter la chute des dictateurs tunisiens, égyptien et libyen, en arriver à souhaiter que le clan Assad survive à l’insurrection syrienne et finir par se dire, comme tant de gens dans le monde arabe et en Europe, que les dictatures avaient le mérite d’assurer l’ordre et museler les islamistes ?
C’est une tentation croissante mais une erreur à ne pas commettre. Ce serait, d’abord, ignorer que des démocrates tunisiens n’ont pa