Les intifadas (soulèvements) du monde arabe présentent aujourd’hui quatre visages : celui de la Tunisie, où elle a abouti à un processus démocratique à la merci d’une réaction islamiste ; celui de la Libye, où la chute de Kadhafi augure une période incertaine avec des rebelles très divisés ; celui de l’Egypte, où la révolution piétine ; et celui de la Syrie, où un régime très isolé manie la violence systématique pour demeurer au pouvoir. Sans oublier le Yémen, où le sang continue de couler, et Bahreïn, où l’opposition, persécutée, cherche un second souffle.
La Tunisie
Pionnière du printemps arabe, la Tunisie sera également la première à vivre des élections libres, dimanche. Huit millions d'électeurs sont appelés aux urnes, pour choisir les 217 représentants qui écriront la nouvelle Constitution. Les Tunisiens ont fait l'apprentissage à marche forcée de leur nouveau paysage politique, pléthorique. Dans chaque circonscription, il leur faudra faire le tri entre 26 à 95 partis. Le pays vit suspendu aux résultats, qui doivent tomber lundi. Car, en dix mois, «rien n'a changé», répètent en chœur nombre de citoyens. Les attentes sont pourtant énormes : «Chômage, pouvoir d'achat, santé, sécurité, jugement des symboles de l'ancien régime», énumère Maya Jribi, tête de liste du Parti démocrate progressiste (PDP). Cette formation devrait arriver en bonne position, de même qu'Ettakatol, son concurrent direct au centre gauche. La place qu'occuperont les isl