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Libération
Reportage

En Libye: «Kadhafi avait un revolver, mais il ne s’en est pas servi»

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Le monde arabe en ébullitiondossier
A Misrata, rebelles et civils se pressent autour du cadavre du dictateur entreposé depuis vendredi dans une chambre froide.
publié le 22 octobre 2011 à 0h00
(mis à jour le 22 octobre 2011 à 10h30)

Le corps de Muammar al-Kadhafi gît dans une chambre froide d’un marché du sud de Misrata. Il est posé sur un matelas jaune taché de sang. Son cadavre est couvert d’ecchymoses et de griffures. Il a un trou noir au milieu du front. Son flanc est creusé d’une plaie mal refermée. Une empreinte de chaussure reste incrustée sur son torse nu. Même ses pieds et ses chevilles, qui dépassent d’un pantalon bouffant, sont parsemés de bleus et de taches de sang.

Muammar al-Kadhafi est mort, et les Misratais veulent voir son cadavre mal lavé. Dès l'annonce, jeudi après-midi, de son transfert dans la ville, ils se sont lancés dans un jeu de piste macabre, allant de l'hôpital à des maisons de banlieue avant de revenir sur la place centrale, espérant que le corps du dictateur y serait exhibé. La rumeur était fausse, la dépouille de Kadhafi avait été emmenée au nord de la ville avant d'arriver, vendredi à 3 heures du matin, dans la chambre froide, au fond d'une ruelle bordée d'échoppes fermées, derrière un manège. Des caisses de munitions et des cageots sont encore entassés sur les trottoirs, entre des mitrailleuses lourdes et des carcasses de tanks. «Normalement, son corps devrait être à la morgue de l'hôpital, mais nous n'aurions pas pu gérer la foule. Des gens se seraient attaqués à lui. Notre rôle est de le protéger avant de l'enterrer dans un lieu secret», explique Yacine Hamid, un rebelle de la katiba (brigade) Chohada Square.

Les révolutionnaires se sont moins préoccupés du sort